Guyane : Au son du Kasékò   2/2
scankaseko.jpg
Tanbouyèns guyanais lors d’une manifestation Kasékò de l’associ
Suite de notre voyage en terre guyanaise... 

Rythmes, Chants et Danses

Le Kasékò  ainsi que nous l'avions dejà precisé, est aussi un rythme et une danse. Il est joué avec les trois tanbou et un ti-bwa (deux baguettes dont la percussion tient le rythme et  la vitesse du morceau, accompagnant les tambours). Ce rythme convie au défoulement mais aussi au soulèvement. Comme pour la plupart des autres rythmes, la danse n'est pas chorégraphiée en quadrille. Les danseurs évoluent par couple et leur nombre n'est pas limité. Autre rythme dansé  aussi en couple - il existe une variante en quadrille appelée "la Boulangèr"- le Lérol.  Il est exécuté à  l'aide de deux tanbou (koupé et foulé)  et un chacha (semblable aux maracas). C'est la chanteuse qui tient le chacha, imprimant le tempo.
 
Influences et diversités
En Guyane, il est généralement reconnu que les travailleurs venus de Sainte-Lucie (Petites Antilles),  à la recherche d'or ont influencé la tradition créole. Ainsi le Débot  et le Labassou seraient les fruits de cette rencontre. Le Débot est joué à l'aide des trois tanbou kasékò plus un ti-bwa. Il ressemble au rythme Kasékò mais avec un marké (accentuation) du tanbou Koupé. En ce qui concerne  le Labasiou (ou Labassou), on retrouve les tanbou Foulé et Koupé accompagné du ti-bwa. Les chants appellent à l'amusement , le style est langoureux et la danse, une véritable démonstration de "kasé ren", de déhanchements…"Bélia manman, béli, béli, bélo…", et voici le Bélia. Un rythme lent  joué avec les tanbou Foulé, Koupé  et soutenu par le ti-bwa. Les chants parlent du travail de la terre, des semailles… Il n'y a pas de similitude apparente avec le Bélia que l'on retrouve en plusieurs endroits de l'archipel antillais.

Grajé et Kanmougé
Terminons cette revue par deux rythmes un peu particuliers : Le Grajé  et le Kanmougé. Tous deux possèdent  leur propre tambour. Le tanbou grajé qui présenterait une certaine similarité avec le tambour indien que l'on connaît dans la région, le Matalon. Mais la Guyane ayant été peu concernée par
l'immigration des travailleurs venus du sous-continent,  il faut peut-être chercher ailleurs les origines de ce particularisme. Le rythme s'interprète également à l'aide du tanbou Koupé. Il se joue sur deux temps et sur  un tempo lent. Les chants parlent de la vie sociale. Les bals grajé étaient l'occasion de s'amuser mais aussi de tenir la chronique sociale à l'instar de ce qui se passe dans les salles "konvwé". Le tanbou Kanmougé (ou Kamougé)  est un tanbou "bwa fouyé". C'est à dire qu'il est fait d'une seule pièce à partir d'un tronc d'arbre évidé. C'est la version proche de la tradition. Il arrive actuellement que le Kanmougé soit joué sur les tanbou Kasekò. Ce rythme était beaucoup utilisé pour accompagner le travail (agriculture, pêche, construction…) notamment à l'occasion des "mayouris" (chantierscollectifs).      
SYNCOPE N° 9  Février 2005