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Toto Bissainthe chantait «Dèy
o», le deuil, sur les tanbou de Akonio Dolo et Mino Cinélu.
Ayiti cheri était alors dans les ténèbres de
la dictature. En causant des milliers de morts, une tempête
la plonge
à nouveau
dans la tristesse… Que les tambours se taisent à l'heure
du deuil et renaissent avec l’espoir ! Menwar porte cet espoir.
Son tambour et ses chants témoignent d'une culture créole
longtemps méprisée dans son pays, Maurice. Que sa Ravanne
ne se taise jamais !
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MENWAR : L’appel de la Ravanne
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Sa carrière démarre
dans les années 70 avec un groupe de séga engagé.
Dix ans plus tard, il engage un inconnu Kaya (1) qui allait créer
le Seggae - puis se tourne définitivement vers le tambour local
: la Ravanne (2), au point de créer une école et une
méthode.
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Né
en 1955, il est rompu dès l'enfance à une réalité
bien éloignée de l'imagerie idyllique que véhicule
son pays. Elevé à Cassis (3) une banlieue pauvre
de la capitale, Port-Louis, Menwar ( "Main noire" ) appartient
à la communauté créole, terme qui désigne
à Maurice les afro-mauriciens descendants des esclaves noirs.
Enfant des rues élevé par une maman bonne à tout
faire, il fréquente peu l'école mais s'essaye à
différents sports et métiers ( menuisier, coiffeur,
tailleur ) qui feront de lui un débrouillard professionnel.
Ses premiers contacts avec le chant sont les lieux de culte ( l'église
catholique et temple adventiste ) ou les Coeurs Vaillants, une branche
du scoutisme ! A propos de cette enfance, il écrit: "
je suis né dans un cagibi. Pour moi c'était joli,
même s'il était éclairé à la bougie
" ou " soit-disant ils nous ont sorti du ghetto, ils
nous ont mis dans l'étau, à chaque tour de vis, on est
tous obligés de crier ".
"
L'engagement c'est facile à proclamer, moins à maîtriser
après ! "
Pour
autant, il refuse d'être un porte-parole :" seulement
une voix qui crie parmi ce peuple " pour qui sa musique
doit "faire passer une vibration afin que les gens se sentent
bien à l'intérieur d'eux-mêmes"
: Ses textes parlent pourtant de maux qui affectent davantage les
Créoles que les autres communautés, comme l'enfance
démunie ( "Palanguli" ), les suites de l'esclavage
(" Leko Rivyer Nwar", "Kiltir de Zil" ), la pauvreté
( "Geto", "Sizann" ). Il laisse entendre ainsi
beaucoup de choses par souci d'efficacité face à une
censure indirecte " A Maurice, si tu dis des choses fortes,
les politiciens sont vexés, et utilisent plus tard les lois4
contre toi…alors il faut savoir s'y prendre, ne pas leur offrir
des armes contre toi " (4).
L'enfant Menwar a fait du chemin depuis les ruelles de Cassis…
"
J'ai demandé à un jeune des Chagos de jouer au ralenti
"
Gamin, Il bidouillait ses instruments tel ce premier banjo monté avec une boîte de cirage, un manche en bois et une corde de nylon. Le séga ravanne ( traditionnel ), il l'approchait lors des bals du samedi soir où passée une certaine heure, "les gens sont bien pétés et sortent alors le tambour ". Là, le rhum et la fatigue facilitent la quasi-transe et la rencontre avec Babani, "une sorte d'esprit chamane ". Dans ces conditions, il est aisé d'imaginer pourquoi la bonne société a longtemps considéré le séga ravanne comme vulgaire et décadent : une musique de Mozambiques quoi ! Menwar, lui apprendra la ravanne auprès d'un jeune Chagossien (5) " en lui demandant de jouer au ralenti ". C'était en 1982. Trois ans plus tard, accompagné de son tambour, il part pour La Réunion où Il y restera huit ans, le temps de s'y faire connaître. P uis il séjournera deux ans à Marseille après un rôle tenu dans une comédie musicale ( Mokko ). Rentrant définitivement à Maurice en 1996, il prend l'initiative de créer une école de Ravannes, ainsi qu'un groupe : Mégaravanne, qui se produira par la suite à La Réunion. En 1998, il sort bien un CD " Pop Lekonomi " mais est escroqué par son producteur ! Qu'importe ! Il parvient à réaliser un livret ( 34 pages accompagnées d'une K7 ) enseignant sa méthode pour jouer du tambour local ! En 1999, il quittera l'école qu'il a créée, déçu par ceux qui lui reprochent de l'utiliser pour sa promotion personnelle " depuis mon départ, ils n'ont rien fait ! " lâche t-il avant d'ajouter qu'il " continue à animer des ateliers au Centre Nelson Mandela de Port-Louis ". Depuis 2002, la roue semble tourner dans le bon sens pour lui avec un album bien reçu " Leko La Rivyer Nwar " (Discorama prod.) qui lui vaut d'être à l'affiche de nombreux concerts et tournées comme le festival d'Angoulême cette année. (
c ) Article et propos recueillis par Stéphane Delphin
CD
Sagaï Menwar "Leko La Rivyer Nwar" Discorama prod.
( livret en créole, anglais et français )
Méthode
Ravanne par Menwar distribuée par J.Marc Antoinette 3, r Fourcade
Paris 15
jm.antoinette@noos.fr
1/
Icone rasta et inventeur du seggae ( mélange reggae-séga
) dont la mort en garde à vue déclenchera des émeutes
meurtrières. Son producteur était Percy Yp Tong, l'actuel
manager de Menwar.
2/
Tambour plat et large recouvert d'une peau de chèvre, accompagné
par la maravanne ( appellé Kayamb à la Réunion,
voir Syncope n°2 ) et d'un triangle.
3/ ( mélange reggae-séga) dont KAYA était l'icone rasta.qui fut retouvé mort ( probablement assassiné) à l'issue d'une garde à vue. Son producteur est Percy Yp Tong , l'actuel tourneur de Menwar. 5/
Chassés de leurs îles pour installer une base militaire,
Beaucoup de Chagossiens vivent dans ce quartier à la
périphérie de Port-Louis. Ecouter CD Charlesia
Alexis (voisine par ailleurs
de Menwar).
4/
Le seggaeman Ras Natty Baby est peut-être dans ce cas. Incarcéré
depuis plus d'un an, il clame son innocence depuis le premier jour.
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