SYNCOPE

LES REACTIONS A LA MORT DU RWA KAF

interviews et liens




2danyel_waro_(c)_delphin.jpg











 

 

 

Par Christian Mousset (musiques métisses angouleme)

Par Paul Mazaka (responsable culturel)

Par Marie-Pierre Belizaire ( fille du Rwa Kaf)

 

Par MARIE-PIERRE BELIZAIRE, fille du RWA KAF et musicienne :

Quel type de personne était votre papa ?

Un bon vivant, une personne simple.

De quel instrument jouait-il le plus souvent ?

De tous mais il avait un faible pour son bob. A ses heuresperdues,  il jouait aussi de l'accordéon (ndlr comme Granmoun Lélé), de la flûte aussi. Pour le maloya, il  savait fabriquer ses instruments (dans le film Maloya Dousman, on le voit raconter comment, sans professeur, il cassa une dizaine de bobres avant d'en réussir un qui resiste. ndlr)

Pourquoi le Rwa Kaf ?

Papa, c'était le roi déjà depuis qu'il était enfant , car il était le seul garçon. Et kaf, c'est parce qu'un jour il était sur un colonaze (terre d'un gros blanc) qui lui a dit mais pourquoi on t'appelle le roi ? T'es pas roi, toi ! T'es le roi des cafres, voilà ce que tu es ! Et c'est ainsi que qu'on l'appelle Rwa Kaf

Donc rien à voir avec la politique ?

Non, pas du tout ; c'était pas son truc. Il allait voter mais sans plus.

Et  Madagascar ?

Mon arrière grand-mère était malgache une antandroy (peuple du sud). En 84, je crois, il fit un voyage là-bas et joua avec des musiciens malagasy. Même s'il ne parlait pas malgache, il connaissait quelques chansons appartenant à la tradition qu'il avait apprises marmay. Le style de Papa, c'était des chansons qui ressemblaient à des ti-romans sur la vie de tous les jours, des devinettes. C'était un bon vivant, je vous ai dit…

Vous êtes du même coin que Granmoun LéLé qui s'inspire aussi d'influences malgaches, vous vous fréquentiez ?

Pas vraiment,  on se croisait et on se saluait sur les podiums mais c'est tout. D'ailleurs, Granmoun avec sa femme, est venu et est resté à la veillée de Papa. Son fils, Willy  est venu à l'église.
 
Votre famille va t-elle continuer comme le lui a demandé Firmin Viry lors des obsèques ?
 
Tout à fait . D'ici un an on devrait être présent pour des spectacles. On va continuer le groupe avec l'association qu'on a montée. Cette année, il y aura un hommage spécial à Papa  lors du 20 décembre, Lafèt'kaf' (date de l'abolition de l'esclavage à la Réunion).

Propos recueillis par Stéphane Delphin  © ----------------------------------------------------------------

 

Par PAUL MAZAKA, responsable culturel au Conseil Général puis à la mairie de St-Denis

" Lo Rwa Kaf fait partie des trois artistes qui ont laissé leur empreinte sur le Maloya : Viry, Lélé et lui. D'ailleurs, c'est lui le premier qui s'est exporté hors de La Réunion. Le Rwa Kaf, c'est aussi le premier,  peut-être même avant Lélé à avoir amené des pans de la culture malgache dans le Maloya. Ce n'était pas un militant comme Firmin Viry. mais il apporté cette reconnaissance à la culture malgache ici à la Réunion. Peut-être n'a t-il pas eu le rayonnement en terme de disques ou de concerts comme Lélé qui lui, a sûrement été emporté par l'enthousiasme et la jeunesse de sa famille ( ndlr : Willy Philéas) mais c'est un tout grand "

Concerts mémorables
 
" On était en 84 et un grand festival nommé Château-Moranges, un quartier de Saint-Denis, avait permis de voir Gérose sur une grande scène et ce fut réellement un grand moment à La Réunion. Christian Mousset était là et il décida d'inviter Lo Rwa Kaf. Ce concert s'est passé  dans une petite salle, le mazouin  , quelque chose comme ça. Ils ont commencé à jouer lui, avec Danyel Waro aux chœurs, Etienne Bob et tout d'un coup le public qui était en dehors de la salle est descendu et là, ce fut magique. Ils étaient emballés. C'était la première fois que le Maloya rencontrait un tel succès hors de ses bases. En 85, c'était le concert du Stade de l'Est où pour la première fois, un groupe africain [Touré Kunda] se produisait à La Réunion. Ce fut encore un grand moment dans la "carrière"  du Rwa Kaf et le cœur des réunionnais. Plus tard, en 92, Lo Rwa Kaf passe à l'Olympia. L'idée était de créer un événement pour la communauté  de métropole. En 94, Granmoun Lélé se produisait au Zenith "

Propos recueillis par Stéphane Delphin ©

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


CHRISTIAN MOUSSET, organisateur du Festival  Musiques Métisses à Angoulême
image003.jpg





«J’étais à La Réunion en 84 pour le festival de Château-Morange (voir plus haut). J’ai vu ce soir-là Tifok , Lo Rwa Kaf et Etienne Bob. Vu la qualité de leur spectacle, j’ai pensé a eux pour l’édition d’Angoulême la même année. Du Rwa Kaf, j’ai le souvenir de quelqu’un de simple , discret, ne se mettant pas en avant : Par exemple, c’était Danyel Waro qui était censé faire le chœur et en fait, c’est lui qui avait assuré la plus grande partie du spectacle. Il était visiblement heureux de laisser la scène aux jeunes. A ses côtés, il y avait Etienne Bob qui excellait au Bob. C’est  dire la  formationde très haute qualité. A l’époque, faire la promotion du Maloya n’allait pas de soi. ..Je me souviens m’être rendu à la Drac pour leur annoncer mon projet ; et de voir leur surprise lorsque je leur annonçais que mon but était d’inviter des artistes de musique traditionnelle.A ce moment-là, le Maloya n’en était qu’au début de sa reconnaissance y compris sur place»

Propos recueillis par Stéphane Delphin ©

Liens vers d’autres articles

LE COMMUNIQUE DU PRMA
(Pôle régional des musiques actuelles )
LES REACTIONS D’ARTISTES ET LES OBSEQUES 

(journal Témoignages)